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MDPH des Yvelines

1 avril 2012 7 01 /04 /avril /2012 17:05

 

Voici un article des Actualités sociales hebdomadaires (nov / déc 2008) présentant l'éclairage de 3 experts sur les RASED.

La défense des RASED reste au coeur des préoccupations de la FCPE.

 

Les RASED menacés, quelles conséquences pour les enfants ?

Dès la rentrée scolaire 2009, les réseaux d'aides spécialisées aux élèves en difficulté (Rased) devraient être amputés de 3 000 postes d'enseignants spécialisés (1), sur un total de 11000. Ces derniers seraient sédentarisés au sein de classes ordinaires, dans le cadre des 13 500 suppressions de postes prévues au budget de l'enseignement scolaire, adopté le 4 novembre à l'Assemblée nationale. Une décision qui privera des milliers d'élèves d'une aide spécifique et conduira à terme à la disparition des Rased, s'alarment syndicats et organisations professionnelles. Réactions d'un expert de l'enseignement spécialisé, de la présidente d'une fédération d'associations de rééducateurs et du directeur général de l'enseignement scolaire.

 


Daniel Câlin

Philosophe, ancien formateur en IUFM, spécialiste de l'enseignement spécialisé

 

«ON ENTEND DONNER AUX ENSEIGNANTS ORDINAIRES LA CHARGE DE LA DIFFICULTÉ SCOLAIRE, CROYANT QU'IL LEUR SUFFIRA DE TRAITER LES SEULS PROBLÈMES D'APPRENTISSAGE.»

Avec la sédentarisation d'une partie des maîtres des écoles intervenant en Rased, il est hélas évident que de nombreux enfants vont se trouver complètement à l'abandon, car les enseignants des classes ordinaires ne suffiront pas à les prendre en charge. Les plus jeunes et les plus fragiles vont probablement s'enfoncer dans les difficultés. Les autres rueront dans les brancards et sèmeront plus que jamais la panique dans les classes. Et ce sera pire lorsqu'ils arriveront au collège. Mais il faudra quelques années pour que l'évolution soit perceptible. Le ministère tient un discours démagogique lorsqu'il affirme que les deux heures d'aide personnalisée que doit assurer désormais chaque enseignant permettront de résoudre tous les problèmes. Ces deux heures de soutien sont sans doute adaptées à des enfants en butte à des soucis d'apprentissage ponctuels. Sous réserve que le système ne s'effiloche pas comme ce fut le cas des études surveillées du soir, lancées voici quelques années et qui n'existent pratiquement plus aujourd'hui. Mais pour les élèves plus en difficulté, cette méthode ne marchera pas. D'abord parce que les enseignants ordinaires ne possèdent ni la formation ni l'esprit requis pour prendre en charge un enfant dans sa globalité et sa complexité psychique.

Ensuite parce que, pour aider un enfant en grande difficulté, la présence d'une personne en position de médiation entre lui, son maître, les apprentissages et, dans un certain nombre de cas, sa famille s'avère une absolue nécessité. Une partie du travail des enseignants spécialisés consiste en effet à réhabiliter l'enfant aux yeux de sa propre famille. Ce que ne peut pas assumer le maître de la classe ordinaire, tenu, pour sa part, de pointer ce qui ne fonctionne pas. Cette fonction de médiation me semble donc indispensable. Et les équipes des Rased sont outillées pour cette tâche.

Un autre argument avancé par le ministère consiste à dire que les enseignants en Rased sédentarisés pourront devenir des référents dans leurs écoles. C'est un écran de fumée! S'ils sont nommés à temps plein dans des classes ordinaires, au mieux ils pourront s'occuper de façon un peu plus poussée de leurs propres élèves durant leurs deux heures d'aide personnalisées. Le reste du temps, ils seront bien obligés d'assurer la classe. Et on ne peut pas enseigner à une classe entière tout en prenant en charge individuellement des enfants en difficulté. Le ministère n'y croit d'ailleurs pas lui-même. C'est l'habillage d'une décision politique visant à diminuer le nombre de fonctionnaires, et donc le nombre d'enseignants. Or supprimer des Rased est plus facile que de laisser des milliers d'enfants sans instituteurs.

Le ministre critique l'approche des Rased, qu'il qualifie de « médicalisante et psychologisante». Mais il existe bel et bien une dimension psychologique dans les difficultés scolaires des enfants, surtout quand elles s'avèrent importantes. Et s'il est exact qu'une inspiration psychologisante a présidé à la création des Rased, cela signifie simplement que l'on a considéré l'enfant comme un sujet, dans sa réalité globale, et pas uniquement sous l'angle des apprentissages scolaires. Et c'est là le fond du problème. On entend donner aux enseignants ordinaires la charge de la difficulté scolaire, croyant qu'il leur suffira de traiter les seuls problèmes d'apprentissage. Les enseignants un peu sérieux savent que cette idée est complètement aberrante ! S'ils font appel aux réseaux d'aide, c'est justement parce qu'ils réalisent que, chez certains enfants, les problèmes ne relèvent pas d'abord de difficultés d'apprentissage, mais se situent ailleurs. Si l'on se fie aux chiffres mêmes du ministère, 15% des enfants sortent du primaire en grande difficulté. Les Rased n'ayant les moyens d'en prendre en charge que 5 %, pour être cohérent, il aurait fallu tripler leurs effectifs. Au final, en dehors d'une logique purement gestionnaire, cette politique relève de l'improvisation totale.

Cette annonce représente selon moi une régression. C'est la liquidation de toute une histoire, d'un travail intergénérationnel enclenché voilà de nombreuses années. Je ne pense pas cependant que l'on se dirige vers la mort de l'enseignement spécialisé. Il existe en effet une autre dimension à cet enseignement, avec la prise en charge des élèves handicapés. Or celle-ci concerne toutes sortes de familles, y compris favorisées, voire très favorisées, qui ont les moyens de se faire entendre. Mais les enfants en grande difficulté scolaire viennent, eux, en majorité de milieux très défavorisé

 


Annie Cassard

Présidente de la Fédération nationale des associations des rééducateurs de l'Education nationale (Fnaren)

« LA MAJORITÉ DES ENFANTS QUE LES RÉSEAUX SUIVENT NE TROUVERONT PAS DANS LE CADRE DES CLASSES ORDINAIRES LE SOUTIEN DONT ILS ONT BESOIN.»

Si la sédentarisation d'une partie des rééducateurs et des maîtres E se met en place, des enfants vont se retrouver dès l'année prochaine en grande difficulté, au risque de perdre pied. On s'engage dans une voie périlleuse, mais apparemment cela n'effraie personne. Comment le ministère peut-il justifier cette décision, en dehors, évidemment, de considérations économiques ? Soit il souffre d'une méconnaissance totale du travail des Rased, soit il fait preuve de mauvaise foi. A moins qu'il ne possède une recette miracle que nous ne connaissons pas... A la Fédération, nous percevons cette sédentarisation comme un moyen de récupérer des postes d'instituteurs spécialisés et de les affecter dans des classes ordinaires.

En ce qui concerne le rôle de référents que le ministère souhaite faire jouer aux enseignants de Rased sédentarisés, je doute que cela fonctionne. Nous n'avons pas été formés pour remplir un tel rôle au sein des équipes pédagogiques. Et j'ignore de quelle façon nous assurerons cette mission tout en prenant en charge une classe ordinaire. Quant aux psychologues scolaires, ils risquent de se retrouver très isolés et je ne vois pas ce qu'ils pourront faire. Mais notre préoccupation primordiale, ce sont les enfants dont s'occupent les réseaux et qui, contrairement à ce qu'affirme le ministère, ne trouveront pas, dans leur grande majorité, le soutien dont ils ont besoin dans le cadre des aides personnalisées mises en œuvre depuis cette année par les enseignants des classes ordinaires. Ces deux heures constituent une réponse inadaptée, car elles s'adressent à des élèves rencontrant des difficultés relativement mineures, du moins que l'on peut résoudre avec quelques heures de pédagogie supplémentaires. Les enfants suivis par les Rased ont d'autres besoins et les enseignants eux-mêmes le disent.

Le ministre reproche aux réseaux de privilégier une approche davantage fondée sur la psychologie que sur la pédagogie. Mais comment accomplir notre travail sans adopter justement une démarche psychologisante. Xavier Darcos critique aussi l'approche. selon lui, médicalisante des réseaux. Or c'est le contraire qui se produit. Nous évitons à beaucoup d'enfants de devoir être suivis dans le secteur médical, et l'une des conséquences de la sédentarisation des Rased pourrait justement être d'obliger certains enfants à devoir consulter en externe, notamment dans les centres médico-psychologiques, qui sont déjà submergés. Le problème est que nombre d'entre eux sont issus de familles défavorisées qui n'iront pas facilement consulter en dehors de l'école. Actuellement, les Rased constituent une passerelle entre l'école, la famille et des aides extérieures parfois nécessaires. Nous jouons un rôle de médiateur que notre position singulière dans l'école rend possible. Affranchis de la charge d'une classe, en tant que rééducateurs, nous gardons du recul. C'est aussi ce qui nous aide à apaiser les tensions.

Tout ce travail s'appuie sur une présence quotidienne, du moins quand nous ne sommes pas submergés par les demandes et par le nombre d'écoles à suivre. Car on nous reproche un manque d'efficacité, mais encore faudrait-il que nous ayons les moyens adéquats. Le ministère laisse entendre que nous n'avons servi à rien. Ce sont des paroles dures vis-à-vis des équipes des Rased, et peu respectueuses des familles, des enfants et des enseignants concernés. En outre, qui peut affirmer que cela n'aurait pas été pire en l'absence des Rased ? Cela fait trente-cinq ans que je travaille à l'Education nationale et, selon moi, la création des groupes d'aide pédagogique (GAP) puis des Rased a représenté l'une des actions les plus intelligentes que nous ayons menées. Les trois métiers qui constituent les réseaux occupent une place tout à fait particulière. Et l'on peut se demander ce qui serait advenu en leur absence pour certains enfants. Ils n'auraient peut-être pas pu être maintenus dans le circuit scolaire ordinaire. Les Rased forment certes un petit rouage d'un grand système, mais s'il n'existait pas, la machine ne tournerait pas rond. Nous sommes pessimistes, en colère et surtout très tristes. Mais on ne se laissera pas faire.

 

 

 


Jean-Louis Nembrini

Directeur général de l'enseignement scolaire

 

«ON PEUT SUPPOSER QU'UNE GRANDE PARTIE DES PROBLÈMES SCOLAIRES N'ENTRAÎNENT DES RÉPERCUSSIONS PSYCHOLOGIOUES QUE PARCE QU'ON LES A LAISSÉS S'INSTALLER.»

Je ne crains pas de voir, dans les années à venir, des élèves en difficulté laissés à l'abandon. Car notre souci, c'est justement les élèves. Mais il faut réagir. Nous avons une école performante, des maîtres bien formés, des établissements bien équipés. Et pourtant nous enregistrons un taux d'échec nettement plus élevé que ce qu'il devrait être. Nous voulons donc mettre le paquet sur l'aspect pédagogique.

Actuellement, si nous avons des personnes formées et spécialisées, nous utilisons mal cette richesse et ces compétences. Le système des Rased a beaucoup grandi ces dernières années sans bénéfice visible pour l'institution. Je ne dis pas qu'il n'y a pas des réussites au coup par coup. Mais la qualité des personnes n'est pas suffisamment exploitée en raison d'un mode d'organisation qui n'est pas bon. Jusqu'à présent, lorsqu'un enfant est détecté en difficulté par son maître, il est signalé au réseau. Il faut ensuite le temps nécessaire pour qu'il soit pris en charge individuellement, à raison de quarante-cinq minutes en moyenne par semaine, à l'extérieur de sa classe. Si un enfant rencontre des problèmes d'apprentissage et que l'on ne réagit pas très vite, il risque de s'enfermer dans la difficulté. On peut même supposer qu'une grande partie des problèmes scolaires n'entraînent des répercussions psychologiques que parce qu'on les a laissés s'installer.

Il n'y a pas 15% d'élèves dans la population qui relèvent d'un traitement psychologique. Le défaut du système actuel, c'est qu'il existe un temps de latence pour la prise en charge d'un élève en difficulté. Et plus les enfants sont petits, plus ce temps s'avère préjudiciable à la réussite scolaire. Il faut donc au plus tôt mettre en place une aide. Le rôle de l'école consiste à traiter les problèmes sur un plan pédagogique et à faire en sorte que, au final, beaucoup moins d'enfants se trouvent en situation de devoir redoubler. Bien entendu, quand les échecs ne résultent pas d'une problématique pédagogique, il faut disposer d'un système d'aide complémentaire.

II est nécessaire de réorganiser le fonctionnement. Or qu'a dit le ministre ? Que le potentiel de maîtres spécialisés dans notre pays ne bougera pas. A la rentrée 2009, nous aurons toujours 15000 personnes dans les Rased, dont environ 11300 maîtres E et G. De nouveaux maîtres spécialisés sont d'ailleurs en cours de formation. Le ministre n'entend absolument pas se passer de la compétence de ces personnes. Il modifie leur cadre d'exercice. Ainsi, dans le cadre du nouveau dispositif d'aide aux élèves, 3 000 maîtres E et G seront affectés à des classes où peut se concentrer la difficulté scolaire. Il ne s'agit absolument pas de créer des classes spécialisées où l'on regrouperait des élèves en difficulté. Simplement, ces personnels spécialisés se révèlent plus aptes que d'autres à prendre en charge la difficulté scolaire dans ces classes. Il n'est question ici que de la rentrée 2009. On observera les résultats de cette politique mais, pour les années qui suivent, aucune décision n'a été prise.

Avec le nouveau dispositif, dans le service de tout enseignant figurent deux heures d'aide mises à la disposition des élèves pour traiter leurs difficultés. Le premier avantage est que, dès qu'un élève en difficulté est identifié, on peut le prendre en charge dans un petit groupe, voire individuellement, pour débloquer le problème. Nous profitons donc d'une grande réactivité. Ces deux heures, en moyens d'enseignement à l'échelle de la France, représentent 20000 équivalents temps plein. Nous souhaitons aussi que les enseignants spécialisés sédentarisés puissent jouer un rôle de référents auprès de leurs collègues. Ils pourront donner les conseils nécessaires, sans toutefois remplacer le maître de la classe où se trouve l'enfant en difficulté. Quant au lien entre l'enfant, sa famille et son instituteur, il est privilégié dans cette réforme. Dans les 108 heures de service des maîtres - c'est-à-dire les temps où ils n'enseignent pas devant les élèves - sont en effet prévues 24 heures pour la concertation. N'oublions pas l'existence des deux autres dispositifs que sont les stages de remise à niveau à la disposition des familles en CM1 et en CM2, et l'accompagnement éducatif dans les écoles de l'éducation prioritaire - où se concentrent, on le sait bien, les difficultés et parfois l'échec. Il s'agit donc de tout un dispositif complexe qui se met en place. Il va faire ses preuves, assorti d'un système d'évaluation.

 

 



PROPOS RECUEILLIS PAR JÉRÔME VACHON

(1) Trois catégories d'enseignants interviennent en Rased : les maîtres E, chargés d'aider les enfants en difficulté d'apprentissage îles maîtres G, tournés vers ceux présentant des problèmes d'adaptation ou de comportement ; et les psychologues scolaires. Seuls les maîtres E et G sont concernés par les suppressions de postes.

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